Un petit nombre d’objets revient avec insistance dans les toiles de Florence Reymond. D’une part, il y a ce qu’on peut appeler les « traits d’enfance ». Ce sont quelquefois des objets, ainsi le Pinocchio qui se dresse dans le polyptyque jaune ; plus souvent, la référence correspond à un mode de faire. Réminiscences des dessins enfantins : un sapin de Noël aux branches relevées à leur extrémité, de vagues plantes grasses aux feuilles évasées, des étendues d’eau ou des morceaux de pré recouverts d’un grillage qui peut être une barrière ; et puis ces bordures décoratives, les lignes droites reprises de bouclettes, exercices d’écriture pour classes maternelles, embryons de cadres décoratifs ou, selon les cas, assises terrestres ou amorces de ciel, dans un langage graphique qui est ou serait puéril. D’autre part, des suggestions venues d’un ou de plusieurs ailleurs géographiques habitent ces peintures. L’Asie fréquemment, l’Afrique un peu moins souvent, et tel site dans l’est de l’Europe, s’y croisent et s’y mêlent. Aucune volonté d’étrangeté, dans tout cela, et une expérience personnelle réduite à un souvenir visuel et auditif fort, celui de fêtes colorées et bruyantes en Inde. Davantage, le résultat d’une inquiétude dont la trace se décèle dans les conversations qu’on peut avoir avec l’artiste. Que voit-on en effet dans les tableaux ? Une forme pyramidale s’y retrouve régulièrement. Quelquefois, il s’agit d’une montagne : elle a la teinte et la texture de la terre. La montagne peut prendre la couleur du beurre : on songe à ces mottes de graisse, offrandes au dieu ou aux dieux dans les temples bouddhistes ou hindouistes. D’autre fois, des pierres sont empilées les unes sur les autres : c’est aux arrangements de cailloux construits par les marcheurs en l’honneur des esprits des hauteurs que l’on pense. Plus souvent, le bas des montagnes, mottes ou kerns, s’évase en une sorte de bol. On reconnaît un temple, stupa gigantesque ou réplique miniature et de nouveau offrande. Il peut arriver encore que la construction pyramidale soit un grenier : la resserre à grains des pays au sud du Sahara. Dans plusieurs tableaux, ces montagnes, ces temples, ces greniers, s’ornent de tiges dressées, suggestions inavouées de croix ou de suites de fanions : des drapeaux de prières. Dans tous les cas, quoi qu’elle soit ou semble représenter, la forme pyramidale s’affirme chez Reymond comme précieuse et riche d’un sens : l’écrin de la divinité ou de ce qui permet de maintenir la vie ou le sens de la vie. Une manière de demeure ? [extraits du texte de Nadeije Laneyrie-Dagen publié dans l’ouvrage]
Publié avec le Creux de l’enfer, centre d’art contemporain, le Pavillon Vendôme, centre d’art contemporain, la Fondation Salomon, la galerie Odile Ouizeman, Chamalot-Résidence d’artistes et le Centre national des arts plastiques, aide au premier catalogue.
Auteurs : Frédéric Bouglé, Nadeije Laneyrie-Dagen, Guillaume Lasserre, Natascha Cucheval.
DVD : Quand les filles flirtaient avec les dieux, Un film de Damien Faure, 51 min
Descriptif
: 24 x 32 cm, 128 pages, relié.
Langues : français, anglais.
Parution mars 2014.
Isbn : 978-2-35864-057-2.
Prix public : 31€
Jusqu’au 31 janvier 2015, bénéficiez d’une remise de 40% pour l’achat des volume I à X de Semaine (janvier 2010 à avril 2013), soit un coût total de 108 € + frais de port, au lieu de 180 €.
L’œuvre de Catherine Melin s’élabore à partir et avec des objets urbains, des photographies de repérage, des captations filmées d’actions vues dans l’espace public ou occasionnellement orchestrées par l’artiste, des dessins muraux, des dessins sur papier. Tous ces éléments sont choisis, assemblés et réalisés pour faire œuvre et ensemble devenir une proposition sous la forme d’une exposition. Modulable et modulaire, l’exposition est un état de la recherche, un Point d’appui.
À travers ces différentes formes, reste latente la mémoire des gestes (ceux de l’artiste qui dessine ou ceux d’ouvriers qui exécutent des travaux), des mouvements (ceux de danseurs, de sportifs ou d’enfants qui activent des structures urbaines) et des déplacements, ceux de l’artiste, de la Russie à la Chine, à la rencontre d’espaces et d’usages différents, déplacés.
De cette proposition se détachent des lignes (celles du dessin, celles des structures, et celles des cheminements proposés par l’artiste) et des vides qui formulent autant d’acceptions et d’appréciations possibles de l’oeuvre. Et de l’ensemble de cette oeuvre, se détache une poésie essentielle que ce livre tente de restituer au lecteur, et que Jean-Christophe Bailly identifie, dans l’extrait qui suit et à d’autres reprises dans son texte : « Je pense bien sûr, et sans doute fallait-il que le mot s’impose ici, au rêve spatial qui est venu avec le constructivisme, aux fils que tirèrent dans l’espace, pour l’ouvrir, Tatline ou, plus précisément encore ici, les frères Sternberg. Un siècle ou presque s’est écoulé, mais l’emprise et l’enjeu sont les mêmes : comme des enfants délurés, les structures de Catherine Melin, répercutent une leçon de liberté que, ne l’oublions pas, on aura tout fait entre-temps pour occulter ou détruire. » Cédric Loire complète le parcours proposé dans cet ouvrage, depuis la Chine jusqu’à la Russie, par un texte général et référencé sur le travail de Catherine Melin, sur ses sources et sur ses extensions.
Publié avec le musée des Beaux-arts de Calais, le Frac Paca, Vidéochroniques, la galerie Isabelle Gounod et avec le soutien de la ville de Marseille, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, le Conseil régional Paca.
Auteurs : Jean-Christophe Bailly, Cédric Loire
Descriptif
: 22 x 28 cm, 144 pages, broché.
Langues : français, anglais.
Parution février 2014.
Isbn : 978-2-35864-051-0.
Prix public : 28€