Margaux Fontaine, Parade | Exposition du 16 janvier au 27 février 2021 | Arles

Exposition du 16 janvier au 27 février
Exposition prolongée jusqu’au 20 mars 2021
galerie quatre, Arles
Curatrice associée : Maya Trufaut
Exposition du mercredi au samedi de 14h à 19 h et sur rendez-vous.
Exposition visible en continuité depuis la rue du quatre septembre.

En vitrine, une apparition : dans le calme et le silence se dresse un cortège statique, comme stoppé dans son élan, privé de son déplacement. Margaux Fontaine soustrait la parade à la rue et la transpose dans une galerie en marge de l’agitation. Elle donne à voir un spectacle immobile qui semble prêt à reprendre le pas, après avoir marqué la pause. Est-ce un défilé, un carnaval, une installation ? Parade intrigue par son mystère et son aspect presque inquiétant ; on croit reconnaître des éléments familiers mais les repères se brouillent et tout semble alors inconnu.

Cinq personnages fantomatiques occupent la scène de part et d’autre. Quatre d’entre eux encadrent une chaise à porteurs où trône le dernier protagoniste, central et magistral avec une traine ornée de peinture. On pourrait croire à une procession, mais il n’y a pourtant aucun signe d’appartenance religieuse. À la place, une profusion de couleurs, de fleurs, de dessins, de textiles, de masques. L’artiste mêle les références culturelles : elle ne célèbre pas un dieu, mais une utopie de mixité et de métissage.
En travaillant à la fois la sculpture, la peinture et la couture, Margaux Fontaine crée un melting-pot artistique et culturel où viennent se rencontrer les emprunts esthétiques au folklore de différents pays. Entre carnaval, corso fleuri, défilé chinois, Fallas valenciennes, ou encore cirque ambulant, Parade est une nouvelle sorte de procession, moins ethnocentrée et tendant plus à un idéal d’universalité. Pourtant, derrière cet apparent message d’espoir, il se dégage une étrange sensation de gravité qui semble peser sur le cortège. Les flammes rouges, qui se dessinent sur les personnages, interpellent, interrogent. Ce jaune vif, brutal, sur leur robe parait soudain évident ; plus rien ne semble anecdotique. Et si la célébration était en fait une manifestation ? Dans le silence criant de la galerie s’installe un climat latent de révolte.

Si Parade n’a pas essentiellement été pensée dans un but contestataire, il est indéniable qu’elle est chargée de messages forts que l’artiste nous invite à déchiffrer. Margaux Fontaine multiplie les renvois à la culture populaire et les combine à l’image symbolique de la figure centrale d’autorité et de pouvoir. En présentant cette ambivalence contradictoire, en mélangeant les codes sociaux de différents pays, elle s’ingénie à déconstruire les rapports de domination qui subsistent encore dans de nombreuses sociétés. Margaux Fontaine, toutefois, ne s’encombre pas de mots. L’œuvre en elle-même, par la richesse visuelle de ses évocations et de ses détails, est éloquente. La pluralité de l’esthétique dépasse la parole ; Parade est avant tout une invitation à la contemplation d’un spectacle multiculturaliste utopique qui pourrait, à tout moment, reprendre le cours de sa marche. Maya Trufaut
. Assistant curator du CACN – Centre d’art contemporain de Nîmes

Catégorie: Galerie quatre

Tags: