La Tôlerie, Espace d’Art Contemporain, Clermont Ferrand
exposition du 15.09 au 10.12.2011
Jean-Marie Blanchet, Hervé Bréhier,
Nicolas Durand, Olivier Soulerin
Les matériaux et les outils traditionnels du peintre ont fait place à de nouveaux standards issus de l’industrie. Ces produits ont radicalement transformé les processus de production des artistes ainsi que la lecture de l’œuvre, dont l’une des réactions collatérales a été l’abandon d’une certaine symbolique de la couleur. Cette dernière investit dorénavant simultanément notre environnement quotidien et le champ de l’art, qui partagent désormais ce même vocabulaire. Fabriquée grâce à des procédés chimiques et technologiques, la couleur devient un produit culturel et le véhicule d’un message. Elle est dorénavant un consommable.
De plus en plus exemptes d’émotivité, les couleurs conservent néanmoins des particularités physiques qui influent sur la perception de l’œuvre. Elles jouent sur la densité de la matière, le volume est présent dans sa masse ou au contraire se fait plus diaphane. « It’s best to consider everything as a color », disait Donald Judd (1) . Pour ces expositions, la couleur devient forme et n’est plus tributaire de celle-ci. Elle est un matériau au même titre que les autres éléments constitutifs de l’œuvre. Mais elle est aussi présente de manière plus intrinsèque, à même le matériau.
Les œuvres de cette première gradation, Les Peintres / Les Constructeurs, opèrent un glissement continuel entre la surface de la peinture et l’espace de la sculpture. Elles sont, comme le définit Georges Didi-Huberman, des « images-contacts » dans lesquelles réside « un tâtonnement dialectique de la main qui cherche à voir et de l’œil qui cherche à toucher ». (2). L’optique et le tactile s’entremêlent. Les œuvres possèdent un poids et une présence qui restent intimement liés à l’architecture, à la construction et à l’espace d’exposition bien que les artistes ne fondent pas leurs démarches respectives sur une pratique de l’in situ.
Au cours de ses deux gradations, Expanding Color voit la couleur s’affranchir peu à peu de la surface plane pour se propager et investir l’espace tridimensionnel. Dans le premier volet, Les Peintres / Les Constructeurs, le visiteur est davantage confronté à des « Site-dependent sculptures » face aux œuvres de Jean-Marie Blanchet, Hervé Bréhier, Nicolas Durand et Olivier Soulerin tandis qu’il éprouvera des « Site-specific sculptures » (3) grâce aux interventions de Christophe Cuzin, Clemens Hollerer et Krijn de Koning au sein de la seconde exposition A Space in Color. Ce sont donc les notions d’espace, de temps, de transitoire qui seront expérimentées. Karen Tanguy
(1) Poetter, Jochen (ed.). Back to Clarity: Interview with Donald Judd. In Donald Judd, Baden-Baden : Staatliche Kunsthalle, 1989, p 94.
(2) Didi-Huberman, Georges. Images-contacts, in Phasmes. Essais sur l’apparition. Paris : Editions de Minuit, 1998, p 34.
(3) Je reprends ici l’idée développée par Friedrich Meschede au sujet du travail de Charlotte Posenenske.
Meschede, Friedrich. A Strategy of Mimesis, reflections on Charlotte Posenenske’s Site-Related Installations, in Charlotte Posenenske. Frankfurt am Main: Museum fur Moderne Kunst, 1990.
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